mercredi 20 février 2008

Contrerimes XXXV

Un Jurançon 93
Aux couleurs du maïs
Et ma mie, et l'air du pays :
Que mon coeur était aise

Ah, les vignes de Jurançon
Se sont-elles fanées,
Comme ont fait mes belles années,
Et mon bel échanson

Dessous les tonnelles fleuries
Ne reviendrez-vous point
A l'heure où Pau blanchit au loin
Par delà les prairies ?

Qui se souvient de Paul-Jean Toulet et du Jurançon 93 (1893...) ? Voilà pourtant un poète de l'éphémère, de l'impression fugace, comme le goût d'un vin qui s'oublie déjà ou son nez qui s'est à peine révélé. Nous n'avons que quelques secondes pour faire connaissance de ce vin et savoir s'il sera notre ami pour longtemps ou un simple compagnon de beuverie ce soir. C'est quelques secondes la dégustation, et c'est déjà fini. Des dizaines d'années pour faire des racines, et aller puiser les éléments secrets du sols, un an pour pousser, faire des feuilles et des grappes, un an de travail et quelques secondes au final pour dire tout le bien ou le mal qu'on en pense. Quelle injustice et quel mystère : ramasser en un souffle, en une gorgée, des centaines d'années de tradition, des dizaines de saisons et des milliers d'heures de travail. Un concentré d'histoire du monde. C'est une chance, à chaque bouchon. Le vin tient le monde dans sa main.

Bu ce soir :
  • un verre de Saint Pourçain
  • un verre de Cotes Roannaises
Parfaits compagnons d'un dîner d'amoureux.

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