lundi 4 février 2008

Les vins de Loire par Pierre Bréjoux

Un deuxième livre de ma vinographie. Je les redécouvre comme je vous les présente. J'amasse les bouquins pour la retraite, pour plus tard, dans l'espoir fou que j'aurai un jour le loisir de les étudier de près...

Voici donc Les vins de Loire, de Pierre Bréjoux. Ca date de 1974. Et c'est... disons désuet. Pas assez ancien pour que l'époque soit de l'histoire et qu'on dise stylé ce qui n'est encore que daté. Un peu comme nous autres trentenaires.

230 p. dans un format qui rentre dans la poche de votre battle pour aller à la plage. Publié sous les auspices de la RVF et muni d'une préface de + Baron Le Roy, président de l'INAO.

Préface où je retrouve, sans l'avoir cherché, de l'eau pour mon moulin :
"... bien peu de régions peuvent se vanter d'avoir vu leurs vins inspirer autant de poètes, litérateurs et artistes. Ils ont célébré leur renommée depuis le XVIe siècle. DU BELLAY, RONSARD, RABELAIS, pour ne citer que les plus anciens..."
L'inspiration, évidemment, premier des liens entre livres et vins. Mais le baron conclut sur une citation de Duhamel (pas le temps de vérifier lequel), qui, au delà du caractère pas du tout prophétique de son propos, met le doigt sur quelque chose de plus profond, des rhizomes bizarres qui parcourent le sol de l'histoire, et que la littérature couronne en un point d'orgue discret et mystérieux :

"Mystère français, ..., notre façon de cultiver la vigne, de faire le vin, de la conserver, de l'introduire à point nommé dans les repas, de le boire, de le célébrer. On commence, en nombre de pays du monde, à faire des vins honorables qui ont sans doute quelque valeur alimentaire, et qui ne sont pas sans agrément. Ces vins peuvent être, dès maintenant, un excellent objet de commerce. Pour qu'ils donnent lieu, comme en France, à un mystère national, il faudra des siècles de travail, des traditions, des goûts, du respect, de l'amour, beaucoup de poésie, et même un peu de littérature."
Rectifions, Duhamel ne manque pas de vision, il a simplement ignoré, en parlant de siècles, que le vin fait aujourd'hui reconstruit lui-même la tradition, y compris là où l'on dit qu'il n'y en a pas.

Mais il a parfaitement rendu compte de cette expérience que l'on fait inconsciemment, mais dont notre plaisir procède : quand on ouvre une bouteille, on ouvre un livre. Un livre d'histoire, le livre de toutes les pierres érigées en murets par les moines qui vivaient dans des abbayes prospères, le livre de tous les travaux des champs de mon ancêtre que je ne connaissais pas et qui buvait le vin de la vigne qui n'existe plus, mais qui existe encore puisqu'au même endroit pousse un nouveau plant.

Amen.

  • P. Bréjoux, Les vins de Loire, Paris, Société française d'éditions viticoles, 1974

Bu et appréciu ce week-end, frais, léger, comme un soleil d'hiver qui ne tape pas trop fort mais dont on sait la lumière :

  • Domaine de Trapadis, Côtes du Rhône, 2006.

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